mardi 15 avril 2008

Peril at End House

C'est en regardant "Peril at End House" (en français : "La Maison du péril", d'après le roman éponyme écrit en 1932) que j'ai pour la première fois été frappée par la grâce et le sens du style des héroïnes de la série Agatha Christie's Poirot. Il est donc normal que je débute ce blog par un hommage aux deux principales figures féminines de cet épisode marquant de la saison 2 : Miss Nick Buckley et Freddie Rice...

L'intrigue a pour cadre St Looe, une élégante station balnéaire des Cornouailles, qui sert d'écrin à la beauté des dames, et que j'esquisse ici en quelques images...


La première apparition féminine de "Peril at End House" est celle de Mademoiselle Nick Buckley (Polly Walker) : "apparition" est bien le terme qui convient ici, puisque le visage de la belle se dessine soudain sous l'auréole diaphane d'une capeline blanche, contre un ciel d'été bien pâle comparé au bleu de ses yeux... Vision angélique, donc, qui ne laisse pas Poirot indifférent.




Dès cette première scène, Miss Buckley est revêtue des couleurs claires qui caractérisent ses tenues de jour, et font d'elle une radieuse incarnation de l'insouciance, de l'innocence.
La même image se retrouve lorsque, victime d'une tentative de meurtre, elle reçoit Poirot et Hasting dans un ravissant négligé crème, orné de fleurs au col et sur les manches...


Toutefois, dans une scène solaire (qui relève encore des moments innocents, précédant l'entrée en scène du criminel), on remarque une rupture dans la gamme chromatique de ses vêtements de jour, puisque le rouge y fait une surprenante apparition : Nick Buckley, en dos nu et ample pantalon blanc, y surgit telle la figure de proue du bateau du commandant Challenger...



Le col sage, les gros boutons plats, la lavallière, mais aussi la persistance du blanc, donnent à Miss Buckley l'allure d'une écolière mutine, et neutralisent en quelque sorte le côté "dramatique" du rouge de la capeline et du mantelet...




Quant à l'érotisme du dos-nu, il reste sage et plein de fraîcheur...



Et toujours ce minois au large sourire, aux yeux brillants...
Mais le soir même, le rouge semble avoir pris possession du personnage tout entier, lorsque Nick accueille Poirot en déshabillé écarlate :


Une tendance qui se confirme lorsque la demoiselle fait le choix d'une robe noire et d'une cape pailletée rouge pour assister au feu d'artifice...



La robe d'un noir de deuil marque fortement l'évolution du personnage  vers un univers marqué par l'obscurité et le crime.




Freddie Rice (interprétée par Alison Sterling), la meilleure amie de miss Buckley, n'est plus une jeune fille, mais une femme moderne et "libérée", qui vit loin de son mari (lequel lui refuse le divorce) et affiche une liaison avec un autre homme. D'emblée, on la sent décidée à profiter de la vie, à s'étourdir de plaisirs, quitte à s'y brûler les ailes.




Cette photo est très représentative de son style, qui mêle la fluidité des matières, presque toujours brillantes, à des détails très graphiques. Le noir et le blanc font également partie des couleurs qu'elle arbore volontiers.




Lors de sa première apparition, on voit Freddie évoluer dans un ensemble au large pantalon rouge : la tenue de villégiature idéale dans les années 30.
Le soir, on la retrouve d'une élégance stricte, en robe noire et longs gants de même couleur : une épure très "L'Année dernière à Marienbad".




Pour le soir toujours, elle n'hésite pas à arborer plumes et fourrure, avec toujours ce contraste du noir et du blanc.



Rarement nu-tête, Mme Rice reste, en toutes circonstances, si sophistiquée dans sa mise et dans son maquillage que sa beauté s'accommode mal du plein jour : ici, sa pâleur semble déplacée à la lumière du soleil...

Le style de Freddie Rice est celui d'une dame du monde sophistiquée, mais dont la distinction va de pair avec une liberté de propos et d'attitude susceptible de choquer les esprits "petits-bourgeois", comme celui du capitaine Hastings !